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Sphaerodactylus sputator (Sparrman, 1784)
Sphérodactyle d'Anguilla

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par Michel BREUIL *


( Photos )

Systématique - Description - Répartition dans l'archipel Guadeloupéen -
- Répartition locale - Habitat - Biologie-Écologie - Reproduction -

 

Systématique
Localité-type :"Saint-Eustache".
Syntypes : SMNH 2669, SMNH 2670, SMNH 267 1
(ce denier individu est Sphaerodactylus sabanus de Saba) (non vus).
Lectotype : SMNH 2669 désigné par King (1962a).
Nom original : Incerta sputator Sparrman, 1784 (in part).
Synonymes : Sphaerodactylus pictus Garman, 1887a.

Le nom sputator vient du latin sputare qui signifie cracher. Cet épithète provient d'une légende qui a été colportée par le naturaliste (Dr Acrelius) ayant collecté ce gecko à Saint-Eustache et à laquelle Sparmann, naturaliste suédois, qui a décrit cette espèce en 1784, a apporté du crédit tout comme Lacepède (1788) qui l'a appelé "sputateur". Ce gecko aurait le pouvoir de lancer sur ses agresseurs un crachat noir et venimeux dont une gouttelette suffit pour faire enfler la partie du corps sur laquelle elle tombe. Duméril et Bibron (1836) écrivent à ce propos : " parce que son cri aura été comparé au bruit que ferait l'animal s'il crachait, ou s'il voulait, à l'aide de l'air chassé rapidement de ses poumons, produire l'expulsion de sa salive". Ainsi, Duméril et Bibron (1836) l'ont appelé sphériodactyle (sic) "sputateur" ou "cracheur" . Nous proposons, pour cette espèce, le nom de sphérodactyle d' Anguilla plutôt que de sphérodactyle cracheur qui contribuerait à colporter des légendes. Sparmann (1784) a dessiné deux sphérodactyles, l'individu moucheté de petite taille (SMNH 2671) a été pris pour une "larve" ou une variété du "Incerta sputator" (Wahlgren, 1999), mais c'est un exemplaire de Sphaerodactylus sabanus de petite taille.

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Description
Ce sphérodactyle est le plus gros de tout l'archipel Guadeloupéen. Les mâles atteignent une longueur corporelle de 35 mm et les femelles de 40 mm, soit une taille totale avoisinant 80 mm. Il possède sur la ligne dorsale des écailles de petite dimension, les granules, ce qui en principe, le distingue de tous les autres sphérodactyles de l'archipel Guadeloupéen.
Chez le sphérodactyle à grosses écailles, il n'y a pas de dimorphisme chromatique entre les sexes. La couleur dorsale de base est variable, elle va du marron-rouge clair au chamois ou au marron-gris avec des reflets violets. Cette espèce possède une certaine capacité à s'assombrir ou à s'éclaircir.

Les dessins de la tête sont formés par des lignes claires (blanches, crème, beiges) qui se détachent plus ou moins. Il existe en général une paire de bandes partant des narines et allant jusqu'à l’œil, ainsi que deux bandes transversales entre les yeux. Le plus souvent, il en existe une autre en arrière de la tête.
Entre 5 et 8 bandes transversales de couleur claire (jaune, blanchâtre) entourées de marques foncées définissent sur le tronc un dessin qui se poursuit sur la queue et qui est considéré comme typique par Schwartz et Henderson (1991). À Saint-Martin, certains individus présentent des taches qui forment des lignes longitudinales sur l'ensemble du tronc. La coloration ventrale est crème et le dessous de la queue jaune pâle à orange. L'iris est bronze.

Un sphérodactyle femelle que nous avons trouvé à Eastern Rock (MNHN 1997.6140) possède la coloration suivante. Le dessus de la tête est jaune orangé plus ou moins foncé et ne présente pas de dessins. Le dos et les flancs sont gris avec des reflets bleutés, les dessins dorsaux sont constitués par des taches marron-rouge foncées qui fusionnent par endroits. Le dessus de la queue est orangé. La gorge est jaune, le ventre est gris clair avec des nuances rosées, le dessous de la queue est jaune orangé clair. Cet individu est capable de changements spectaculaires de couleurs. Dans sa phase foncée, il est entièrement marron-gris et les taches du corps, qui foncent également, se détachent moins nettement. Il est foncé la nuit ou quand il est caché ; à la lumière, il s'éclaircit. La présence de granules sur la ligne vertébrale indique sa parenté avec le sphérodactyle d'Anguilla et il s'agit probablement que d'un simple variant phénotypique d'autant plus que nous avons trouvé à Saint-Barthélemy un individu au phénotype intermédiaire entre ce spécimen et les«phénotypes classiques de cette espèce.

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Répartition dans l'archipel Guadeloupéen
À Saint-Barthélemy, nos prospections ne nous ont permis de découvrir que trois stations de cette espèce. Néanmoins, il doit être assez fréquent dans les murs de pierre qui délimitent les différentes parcelles. Les principales localités de Saint-Martin se situent entre le Mont O'Reilly et le Mont Caréta, à Eastern Rock et vers les Terres-Basses. Nous ne l'avons pas trouvé à Tintamarre où il a été signalé par King (1962a), mais nous l'avons observé à l'îlet Pinel. King (1962a) et Underwood (1962) l'ont signalé à l'île Fourchue (Saint-Barthélemy) où nous ne l'avons pas retrouvé.

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Répartition locale
Le sphérodactyle d'Anguilla habite Sombrero et Dog Island, les îles du banc d'Anguilla (Anguilla, Saint-Martin, Saint-Barthélemy), Saint-Eustache, Saint-Christophe et Nevis (Schwartz et Henderson, 1991). Il vient d'être découvert à Scrub Island, un satellite d'Anguilla par Nava et al. (200lc) en compagnie du petit sphérodactyle à grosses écailles. Il se trouve du niveau de la mer jusqu'à 250m d'altitude.

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Habitat
Il est difficile de définir un habitat de prédilection pour cette espèce. Cependant une des stations étudiées présente une situation intéressante d'autant plus que le sphérodactyle d'Anguilla est sympatrique avec le petit sphérodactyle à grosses écailles. Le flanc oriental du Mont O'Reilly est couvert d'une prairie d'herbe de Guinée parsemée d'arbres. Entre le Mont O'Reilly et le Mont Caréta se trouve une ravine humide, le flanc nord-ouest du Mont Caréta supporte une forêt mésophile vers 150-250m d'altitude, qui a été fortement abîmée par les ouragans de l'été 1995 et la tempête tropicale Lenny en novembre 1998 (p.224).

Dans cette région, le premier sphérodactyle d'Anguilla a été trouvé sous des rochers près d'une source à 100m d'altitude. Le long de la piste qui surplombe la ravine, 16 sphérodactyles d'Anguilla ont été découverts jusqu'à 200m d'altitude. Ceux-ci étaient cachés sous des pierres en plein soleil. La température sous les pierres entre 9h30 et 13h00 variait entre 27° et 33 °C. En revanche, c'est le petit sphérodactyle à grosses écailles qui fréquente le flanc nord-ouest du Mont Caréta dans un milieu arboré parfois en présence d' hylodes de Johnstone (températures sous les pierres 26°-30°C). Ainsi, il existe une séparation écologique assez nette entre ces deux espèces. L'exploration plus complète de la ravine a montré que celle-ci est peuplée par le petit sphérodactyle à grosses écailles et que dès que l'on sort du couvert arboré, c'est le sphérodactyle d'Anguilla qui est présent. À Saint-Martin, nous avons aussi trouvé ce gecko sous l'écorce d'un mancenillier mort en compagnie d'un thécadactyle et d'un améive. A Eastern Rock, le sphérodactyle d'Anguilla se dissimule durant le jour sous des pierres plus ou moins enchâssées dans une pelouse rase,.où il cohabite avec l'hémidactyle mabouia et l'anolis d'Anguilla.

Selon Schwartz et Henderson (1991), le petit sphérodactyle à grosses écailles est une espèce des milieux humides (mésophile), mais qui se rencontre aussi en milieux plus secs (xérophile), alors que le sphérodactyle d' Anguilla est une espèce de xérophile à mésophile. Nos données montrent qu'à Saint Martin, le sphérodactyle d'Anguilla est une espèce xérophile. De la même manière, nous avons observé cette séparation écologique à Saint-Barthélemy.

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Biologie-Écologie
Il semblerait que les individus cachés sous des pierres dans des milieux dépourvus de litière soient de tendances crépusculaires ou nocturnes, comme le montre leur habitat. L'observation de ces individus dans un terrarium montre qu'ils demeurent cachés le jour et qu'ils s'activent avec le coucher du soleil et le début de la nuit. À l'opposé du petit sphérodactyle à grosses écailles, cette espèce se trouve dans des milieux sans litière et de ce fait, il existe une séparation écologique nette entre ces deux lézards.

Comme les deux autres espèces de sphérodactyle de l'archipel Guadeloupéen, quand il est inquiété, le sphérodactyle d'Anguilla redresse sa queue de manière plus ou moins prononcée au dessus de son corps. Ainsi, il exhibe la coloration jaune ou orangé de la face ventrale, ce qui aurait pour effet d'attirer le prédateur vers une partie moins sensible de son organisme. Rares sont les sphérodactyles adultes qui possèdent une queue entière.

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Reproduction
King (1962a) a signalé la présence de femelles gravides entre février et juin ; nous en avons observé aussi dans la seconde quinzaine de juillet. La période de reproduction s'étend du Carême au début de l'Hivernage

© Histoire naturelle des amphibiens et reptiles terrestres de l'archipel guadeloupéen
Michel BREUIL - Ed.Museum national d'histoire naturelle de Paris (Paris- 2002)

 

( Photos )

webmaster : Action-Nature  (2003)

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